Centrafrique : dans la Ouaka, les bénéficiaires saluent l’impact du PRUCAC sur la production agricole

Ouaka, le 13 décembre 2025 (CentraNews)— À Bambari, Grimari et Kouango, dans la préfecture de la Ouaka, les bénéficiaires du Projet de Réponse d’Urgence à la Crise Alimentaire en Centrafrique (PRUCAC) constatent une amélioration tangible de leurs activités agricoles. Mis en œuvre avec l’appui de la Banque mondiale, du Programme alimentaire mondial (PAM) et de la FAO, le projet a contribué à structurer les producteurs, réduire les pertes post-récolte et accroître les rendements, même si des attentes persistent, notamment en matière d’équipements.

Des groupements mieux organisés et des superficies en hausse

À Grimari comme à Bambari, les témoignages convergent sur l’importance de l’accompagnement technique et organisationnel assuré par le PAM.

Madame Maletomba Senta Rina, secrétaire générale adjointe du groupement Bando Na Kwa, évoque un changement profond des pratiques agricoles : « Avant, nous n’étions pas organisés en groupement. Grâce au PRUCAC, nous avons appris à mieux gérer les pertes post-récolte. Cela a eu un impact positif, aussi bien au niveau communautaire que familial », confie-t-elle.

Les superficies cultivées ont également augmenté de manière significative. « Nous travaillions sur de petites parcelles d’environ 50 mètres. Aujourd’hui, notre groupement exploite 3,8 hectares. Nous nous sentons renforcés », ajoute-t-elle.

Toutefois, la bénéficiaire plaide pour un élargissement des dotations : « À Bambari, nous comptons 41 groupements, mais seuls six ont reçu des motos en toile. Nous demandons que les équipements soient multipliés afin que tous puissent en bénéficier. »

Parmi le matériel déjà distribué figurent des bâches, des machines décortiqueuses, des sacs hermétiques et des tricycles destinés au transport des produits agricoles.Des infrastructures pour limiter les pertes post-récolte

Selon Tabiojong Mbeng Bénédict, nutritionniste et chef de bureau du PAM à Bambari, le PRUCAC est déployé en deux phases complémentaires.

La première phase (PRUCAC 1) a permis la construction d’aires de séchage pour la transformation du manioc, la mise en place de magasins de stockage et la formation des groupements à la gestion post-récolte. « Ces infrastructures permettent aux producteurs de conserver leurs récoltes dans de meilleures conditions et de mieux écouler leurs produits sur le marché », explique-t-il.

Des retards ont toutefois été enregistrés dans l’exécution de certains travaux. « Comme dans tout projet, il arrive que des prestataires ne respectent pas les délais. Nous avons dû les relancer, mais les travaux avancent dans la bonne direction », assure le responsable du PAM.

Concernant la répartition des équipements, il précise que la démarche est progressive : « Nous avons commencé par les groupements déjà bien structurés. Des évaluations sont en cours pour étendre les dotations aux autres. »

Le PAM indique également renforcer sa collaboration avec la FAO afin de garantir la disponibilité des semences en amont des saisons agricoles.

Structuration et accès au marché, au cœur de l’approche APAD

Pour Ignace Kouassi, chef de projet PRUCAC et chef de base de l’ONG APAD dans la Ouaka, le projet cible prioritairement les petits exploitants agricoles. « Nous les structurons en groupements afin d’améliorer la gestion de leur production et du post-récolte, tout en les accompagnant vers des marchés plus rentables », souligne-t-il.

Quelques chiffres clés dans la Ouaka114 groupements bénéficiaires du PRUCAC 2122 groupements concernés par le PRUCAC 14 aires de séchage construites 4 magasins de stockage en cours d’équipementEnviron 40 % de femmes parmi les bénéficiaires, un taux en progression vers la parité

La phase actuelle du PRUCAC 2 met l’accent sur la structuration des groupements, les formations en gouvernance associative, comptabilité et réduction des pertes post-récolte, ainsi que la dotation progressive en broyeuses, unités de transformation et motos-tricycles.Traçabilité et gestion communautaire

Face aux préoccupations relatives à l’utilisation effective des équipements, le chef de projet se veut rassurant : « La traçabilité est assurée par nos équipes sur le terrain, en lien avec les autorités locales, notamment l’ACDA. Les infrastructures sont destinées aux groupements, mais aussi à l’ensemble de la communauté », affirme Ignace Kouassi.

PRUCAC 1 et PRUCAC 2 : un ciblage élargi

La principale différence entre les deux phases réside dans le ciblage des bénéficiaires. « Les bénéficiaires du PRUCAC 1 ne sont pas ceux du PRUCAC 2. Le projet a été élargi afin de toucher de nouvelles localités, y compris celles situées à plus de cinq kilomètres des centres », précise le responsable.

Un projet structurant pour la sécurité alimentaire

Mis en œuvre depuis 2021, le PRUCAC ambitionne d’augmenter la production agricole locale, de réduire la dépendance à l’aide alimentaire, de renforcer la résilience des ménages face aux chocs et d’améliorer durablement la sécurité alimentaire en Centrafrique.

Fort de résultats jugés encourageants, notamment l’augmentation des volumes produits dans plusieurs zones, le projet bénéficie depuis 2023 d’un financement additionnel de 50 millions de dollars américains de la Banque mondiale.

Rédaction CentraNews